vendredi 31 mai 2019

Tour du Dhaulgiri

Trek  Circuit Tour du Dhaulagiri - Mai 2019


Et voilà une nouvelle Aventure pour un itinéraire très peu fréquenté et peu connu autour du massif du Dhaulagiri, à l'ouest du massif des Annapurnas. Nous allons contourner cette montagne très large et imposante qui culmine à 8172 mètres (ainsi que ses satellites autour de 7500m) Même si je n'aime pas ce genre de classement, c'est assurément dans le top 3 des plus beaux treks que j'ai réalisé jusqu'à maintenant car il a toutes les caractéristiques qui me plaisent :
 - Magnifique (évidemment)
 - Très peu fréquenté (on a croisé 7 occidentaux)
 - Une partie authentique, chez l'habitant. Ethnies Magar et Pun
 - Un challenge sportif.

Il faut insister sur ce dernier point : C'est un des treks les plus exigeant du Népal. Mes 2 amis guides, Nara et Babu, qui m'ont accompagné et qui ont plus de 20 ans d'expérience de trek me l'ont confirmé après coup : C'est un des plus durs. Nous avons eu énormément de chance avec une météo très favorable. Mais dans des conditions plus dures, ce trek peut être très risqué. Cela arrive souvent car l'enneigement dans cette région est plus important que la moyenne. Il faut camper (minimum 3 nuits) et le chemin est très difficile à trouver sur la partie ''haute de l'itinéraire''. A moins d'avoir des données GPS fiables, ne partez pas sans un guide népalais qui connaisse le chemin (pas ou peu de kairns ou de traces en haut). Les 4 autres touristes qui devaient faire le même parcours que nous ont fait demi tour car ils n'étaient pas suffisament équipés (crampons obligatoires) ou/et ils ne connaissaient pas le chemin.
A mon avis les meilleures périodes pour ce trek sont : de mi avril à fin juin et de début octobre à mi décembre. Permis de trek ACAP et carte Tims obligatoires.

L'itinéraire suivant est le plus court possible (dans la limte du raisonnable). Prévoir au moins 2-3 jours supplémentaires et être flexible car si vous faîtes demi tour, il faut prévoir du temps pour rebrousser chemin.

1) 19 Mai 2019. Pokhara > Phaliyagaon (1850m)

Laurent - Babu - Nara

Départ en trek est souvent synonyme de long voyage pour se rendre au point de départ. Nous n'y coupons pas et ça permet de se mettre dans l'ambiance au ''son'' des tubes traditionnels népalais. Nous mettons 3 heures en jeep entre Pokhara et Beni. Puis nous prenons le bus pendant 5 heures jusqu'au village de Phaliyagaon. C'est l'occasion de voir que là aussi, il y a des pistes en construction un peu partout pour désservir les nombreux villages. Les bulldozers ne chôment pas !

panneau d'informations dans les villages. Sensibilisation santé / hygiène 


Récolte du blé


2) 20 Mai 2019. Phaliyagaon > Bhoghara (2080m).  7h de marche


Début du trek en montant progressivement 1h30 jusqu'au village de Muri. Les pistes carossables ne vont pas plus loin. Nous y avons notre première vue sur le Dhaulagiri enneigé.





Après Muri, il y a une bonne descente d'1 heure jusqu'à la rivière puis on fait les montagnes russes jusqu'à Mahatala pour le déjeuner. On y passe un super moment à observer des chasseurs de miel qui se préparent à la récolte en disposant de grands bambous le long des falaises pour atteindre des essaims à environ 30 mètres de haut. Ils sont impressionnants d'agilité ! En guise d'apéro, on mange un genre de pâte (mélange de miel et des alvéoles) et on se laisse tenter par des larves séchées, revenus dans l'huile et le sel. Au niveau énergie, je pense qu'on ne manquera de rien aujourd'hui !

Larves essaim abeilles
Malice népalaise

Après le déjeuner, nous marchons 3 heures avec des montées parfois assez raides en forêts ou à flanc de colline, en surplombant la rivière. Nous effectuons la fin avec un peu de pluie. Il fait super chaud et lourd. A Bhoghara, la maison chez l'habitant est très grande et comme tous les soirs de ce début du trek, la rivière et le bruit des cascades berceront nos nuits.

3) 21 Mai 2019. Bhoghara > Dobhan Kharka (2500m).  6h de marche

Journée essentiellement en forêts. Il fait encore super chaud. Tout le monde transpire à grosses gouttes avec nos sacs. On porte environ 18 Kg chacun en prévision des 3-4 jours d'autonomie que nous aurons plus haut (tente, matelas, duvet, nourriture, réchaud gaz...). J'avais un peu peur de cet aspect et de ne pas être assez entrainé pour porter ce poids durant plusieurs jours, mais cela s'est finalement bien passé. Heureusement qu'il y a des cascades et des sources partout aujourd'hui. On peut se rafraichir régulièrement. On croise un chasseur. Ici, il n'y a pas de présence de l'Etat népalais (trop haut et trop loin pour des fonctionnaires) et il y a peu de soucis. C'est interdit mais les gens chassent pour eux (cervidés, chèvres de montagne...) et leur consommation personnelle avec des pétoires qui doivent dater de Napoléon ! Nous arrivons à la clairière de Dobhan juste avant l'orage. Couture, petite lessive et discussions avec la didi, tenante de la maison. On la regarde préparer le repas qui sera succulent : champignons frais, oignons, épinards, pommes de terre, viande de cerf. Ces habitants vivent dans des endroits peu agréables en hiver, mais ils savent se contenter de ce qu'ils ont et en tirer le maximum.



4) 22 Mai 2019.  Dobhan Kharka > Camp de base des italiens (3650m).  5h15 de marche

On part à 07h00. On partira souvent entre 06 et 07 durant ce trek car le jour se lève tôt et on se couche tôt. Mais surtout les conditions sont meilleures et les paysages dégagés jusqu'en fin de matinée. A partir de 13h00, il y a souvent des nuages qui recouvrent les sommets. 
Bonne descente pour franchir la rivière avant de remonter aussi sec. Puis l'atmosphère est géniale pendant 3 heures avec un passage en forêt dense et très humide, mais ce n'est pas lourd. Il y a des odeurs de tourbes, de champignons, d'énormes fougères, quelques rhododendrons.


En sortant de cette forêt de Merlin, on traverse un bout de glacier (sujet à éboulements) qui descend du Dhaulagiri avant le hameau de Sallaghari que tout le monde a déserté. On continue 2h15 et on double l'étape qui se fait facilement jusqu'au camp de base des italiens.



Là on se retrouve avec 50 ouvriers népalais qui logent sous bâches plastiques. Ils travaillent à l'entretien des chemins. Ils sont supers bien organisés et ont l'air de bien vivre ensemble. Ils sont incroyables : Après une journée de 8 heures de travail très dur (pelles, pioches, barres à mines, construction d'escalier en pierres), ils reviennent à leur camp, et trouvent l'envie et le bonheur de faire une partie de volley sous la pluie !
Italian Base Camp se situe au coeur du massif du Dhaulagiri avec une vue à 360° sur de beaux sommets (Dhaulagiri I, Manapathi, Tsaurabong). Nous sommes à la base ouest de cette énorme masse. C'est le dernier lodge de la vallée


italian Base camp

5) 23 Mai 2019.  Journée d'acclimatation Camp de base des italiens (3650m).  







Aujourd'hui, on reste tranquille pour s'acclimater à l'altitude et on fait quelques ballades sur les hauteurs. On regarde le va et vient des ouvriers et des chêvres sauvages au loin. Le responsable du chantier viendra chercher 2 fusils chargés dans la journée. Mais il est revenu tard le soir, sans avoir tirer un coup de fusil.
On guette les avalanches, les éboulements du glacier, les craquements. Ca bouge de partout. Mais notre endroit n'est pas exposé.
Les 3 slovaques qui étaient en expédition et basés plus haut depuis un mois font demi tour sans avoir pu atteindre le sommet du Dhaulagiri : Trop de vent cette année.
Peu d'alpinistes se frottent à ce sommet technique, alors qu'au même moment il y a un bouchon de 250 personnes sur les derniers mètres du sommet de l'Everest. Mais ici, sur le Dhaulagiri, il n'y a pas de Sherpas pour tracer et sécuriser une voie royale.



6) 24 Mai 2019.  Camp de base des italiens > Camp de base des Japonais (3900m).  3h15 de marche

On prend quelques ravitaillements (nouilles chinoises, oeufs durs, galettes) car à partir de maintenant, on sera en mode camping. Petite journée qui permet de continuer l'acclimatation. On emprunte le chemin en reconstruction et on traverse le glacier... Il y a quelques passages étroits et il vaut mieux regarder ses pieds. Le sentier sur la glacier est court mais très exposé aux intempéries et fragilisé par sa propre fonte. A mon avis il doit changer toute les saisons. Puis la montée est facile, progressive sur un pierrier.

Mukut Himal - 6639m et Sita Chuchura  - 6611m


Depuis que je suis au Népal, j'ai perdu l'habitude de lancer des jurons, mais je me surprends à souffler des '' P..... , c'est magnifique ! ''
On installe notre tente avant la pluie et je constate que mon matelas gonflable ne l'est plus et que mes lunettes de soleil sont cassées. Ca c'est hyper important. Je les bricole et ça ira finalement. Toujours avoir une aiguille, du fil et de la super glue sur soi ! Et Puis on écoute les craquements du glacier, les cascades, les éboulis de pierres. On dine à 17h30 pour se coucher à 18h !



7) 25 Mai 2019.  Camp de base des Japonais > Camp de base du Dhaulagiri (4750m).  4h de marche

La nuit se passe bien. Fini la pluie, et pas trop froid. Une soupe de nouilles et c'est parti. La montée est progressive. Environ 3h30 sur pierrier et glace. On croise les 2 français de ''No Brain , No Limit'' qui nous devancaient et qui font demi tour. Ils ont peur de ne pas trouver le chemin et de ne pas être assez équipés car sans crampons. Du coup, ils auront eu raison d'être sage. C'est tout à leur honneur.
On installe notre tente au pied du glacier. Ici, ce n'est pas trop facile de trouver de l'eau car il y a des déchets juste à côté de certains points d'eau. C'est pas top. Certains ne réfléchissent vraiment à rien. Bref. On trouvera un  petit trou et le filtre (swayer) que nous avons est suffisament performant. La météo de l'après midi et du soir est dégagée. Le soleil chauffe bien la tente. Quel bol. C'est agréable.




Filtrage de l'eau du glacier



Le gardien du temple  ;)



8) 26 Mai 2019.   Camp de base du Dhaulagiri > French Pass (5360m) > Hidden Valley (5150m).  5h30 de marche

La nuit a été un peu brumeuse, Nara qui a des soucis de prostate et qui se lève 6-7 fois toutes les nuits le sait bien ! Mais la journée est superbement ensoleillée. Il ne fait pas froid. C'est clair pour profiter des vues à 360°. Tout est parfait.
Départ à 06h00 et nous mettons 4 heures pour arriver au col du French Pass à 5350 mètres avec les silhouettes au formes parfaites du Mukut Himal et du Sita Chuchura qui veillent sur nous. Et bien sûr, toujours l'imposant massif du Dhaulagiri dont nous sommes désormais sur le versant nord. Pas de souci d'acclimatation.



Après avoir profiter du lieu pendant 1/2 heure sous des conditions incroyables, nous redescendons d'environ 200m pendant 1h30 vers Hidden Valley en traversant des névés. C'est une large vallée désertique et venteuse. Ambiance et couleurs incroyables.
Je suis malheureusement moins bien avec maux de ventre, diahrées, pas d'appétit et pas de force. Je m'excuse auprès de mes 2 compagnons pour mon manque d'aide... Je les regarde installer le campement. 
Une poche plastique s'envole et je pique un sprint de 100 mètres pour la récupérer. Quelle bêtise. Je mets 15 mn à récupérer mon souffle ! La tente est prête est je m'engouffre dedans avec le soleil qui la réchauffe. Je prends une bonne dose de paracétamol et de lopéramide, quelques noix de cajou et après une sieste d'1h30, je sens que les choses s'améliorent. Je mangerai léger le soir.


Hidden Valley  Tour du Dhaulagiri

Grande cuisine : Ail, oignons, graines de soja, nouilles chinoises




9) 27 Mai 2019.  Hidden Valley > Thapa Pass (5240m) > Marpha (2670m).  12h de marche

La nuit a été bonne. Ce matin ça va : Pas de mal de tête, pas de problème de respiration, plus  de diahrée, mais toujours pas très faim. Et ces soupes de nouilles chinoises me dégoûtent. Berk ! Départ à 05h45 (il faut partir plus tôt...) La journée se fait en mangeant régulièrement des noix, des fruits secs et des barres de céréales.
Nous mettons 2h30 pour atteindre sans difficultés le Thapa pass. Quelle vue à 360° encore ! !  Celle qui m'a le plus impressionnée avec le panorama sur le côté est, vers le massif des Annapurnas, en particulier l'Annapurna Sud et l'aiguille du Nilgiri. Sans oublier le Tukuche qui nous surplombe et que nous avons l'impression de pouvoir toucher

Thapa Pass  Tour du Dhaulagiri

Selfie time

Thapa Pass. Vue sur massif Annapurna et Nilgiri

C'est ensuite que ça se gâte.... C'est joli d'atteindre le haut, mais l'essentiel est de redescendre. Il faut enfiler les mini crampons que je dois bricoler après 10 mn d'utilistation. Nous allons mettre 6 heures pour aller à Elevation Camp (4900m). La première partie de 2h se fait pas trop mal si ce n'est un devers vicieux de 50 m que je préfère descendre tout schuss sur les fesses en visant un petit amas de gravier pour m'arrêter en contrebas.... Plus rapide et moins fatiguant. Puis il y a 4 heures pénibles d'autant que la météo se gâte avec pal mal de nuages et de brouillard, parfois épais. Ca fait un peu peur aux népalais, mais étant donné la tendance des derniers jours et que nous en sommes à la mi journée, il y a des chances que ce soit des nuages passagers. Heureusement ce sera le cas. Nara reconnait le chemin mais doit parfois improviser et changer en fonction de la glace.
Tout du long, il y a seulement 5 cm de neige sur la glace avec un sérieux dévers par endroit. A noter que si on glisse, on peut faire une chute de 100-400 mètres. On peut toujours se blesser, mais il n'y a pas de crevasses et pas beaucoup d'endroits où ce serait vraiment ''mortel''. Par contre pour remonter sur le chemin, ce serait autre histoire... La dernière portion est terriblement dure et une des plus risquée si on glisse. Je n'ai pas assez mangé et ne pensait pas qu'on mettrait autant de temps : Je n'ai plus de force. Nara revient vers moi et assure mes pas avec son piolet. Je mets 30 minutes pour faire 50 mètres. Malgé le manque de force je suis lucide et hyper concentré. Le dernier pas pour atteindre la pierre est une délivrance.
Je remange une barre, une grosse poignée de noix de cajou, des nouilles déshydratées (dont je m'étais juré de ne pas retoucher le matin même) et je bois un bon coup. On enlève les crampons et c'est reparti pour 1h de descente pour Yak Karkha où normalement on devrait camper. Quand on y arrive, le tonnerre gronde et les nuages menacent, mais paradoxalement j'ai de bonne sensations et le bas de la vallée est sous le soleil.  Alors qu'ils commencent à déballer leur sac à dos, je dis à Nara et Babu :
 '' Si vous êtes fatigués, on s'arrête sans hésiter. Sinon, on descend encore 3 heures, mais on dort en lodge, au sec et après une douche chaude. Quitte à se mouiller ici, autant dormir plus fatigué, mais au sec, en bas ! "  Quelle surprise pour eux qui me regardent avec des yeux ronds ! Ils hésitent. Mais banco. On continue et on enfile près de 2500m de dénivelé négatif en 2h45. Finalement l'orage n'éclatera pas, juste de petites averses. On arrive à Marpha cuit mais sacrément heureux. Douche chaude, matelas confortable ET Brandy de pommes pour fêter ça. Mes 2 compagnons me disent : ''Boss, tu nous a surpris et on te pensait cuit, mais ton idée était sacrément bonne''.  Oui... tant mieux, tant que tout le monde arrive entier. De mon expérience de trek au Népal, cette journée restera un sacré souvenir... Une des plus belles au niveau des paysages, mais la plus dure physiquement !

Marpha



10) 28 Mai 2019.  Marpha > Pokhara.

Le lendemain matin, il y a forcément des courbatures, mais il y a eu pire. Je profite légèrement de ce magnifique village Thakali qu'est Marpha, avec ces maisons traditionnelles faîtes en pierre et en terre. Puis il nous faudra envion 9 heures de bus pour revenir à Pokhara où nous dormirons avant de revenir sur Kathmandu le lendemain, 29 mai.
Comme le précédent trek, je m'étonne de la vitesse à laquelle on peut se déplacer d'un univers très isolé et hostile à la capitale vibrante et polluée qu'est Kathmandu. A la fois fascinant et effrayant !






lundi 17 décembre 2018

Trek Tour du Manaslu

Trek Tour du Manaslu - Decembre 2018


Trek Tour du Manaslu - Decembre 2018


Avant que ce trek ne devienne très populaire et plus fréquenté que les grands classiques comme le tour des Annapurnas ou le camp de base de l'Everest et avant qu'il ne soit à son tour, mangé par l'apparition de route carossables, il est grand temps de s'y rendre. Et que de plaisir j'y ai pris après une saison bien remplie !
Avec Shyam, mon ami porteur, nous avons aussi eu beaucoup de chances avec la météo. En partant 2-3 jours plus tard, la neige nous aurait probalement empêcher de passer et certains villages aurait été déserts, sans possibilité de loger.
Le début du trek est agréable et assez facile mais est rongé par une route en construction. Puis via des forêts et en surplomb de la rivière nous approchons doucement du Tibet avec une atmosphère différente et une ambiance tibétaine, avant d'arriver au pied du géant Manaslu dans un univers minéral avec hauts sommets, glaciers, hauts plateaux, yaks, bahrals... Et toujours la culture tibétaine qui nous réservera une surprise innatendue et exceptionnelle !

Info pour les novices : Ce trek n'est accessible que via une agence de voyage officielle du Nepal car la région nécessite d'être en possession de permis spécial ''restricted area'' et l'accompagnement d'un guide est obligatoire.
Les temps de marche indiqué sont ceux que nous avons effectués. Prévoir un peu plus pour les marcheurs non expérimentés

1) 03 décembre 2018. Kathmandu > Soti Khola

Depuis la gare routière de Maccha Pokhari, en route pour 7 heures de bus jusqu'à Arughat. Puis nous changons de bus et ajoutons 2 heures de trajet pour arriver à Soti Khola.

2) 04 décembre 2018. Soti Khola > Khorlabesi




Début de ce trek du Tour du Manaslu sous le soleil. La piste monte et descend et nous marchons assez vite sur cette portion assez facile. Il n'y a pratiquement pas de véhicule qui nous dérange. Nous croisons les premières caravanes de mules qui alimentent toute la région, en nourriture et matériaux divers.
La piste en construction avance assez vite dans des conditions de travail super dangereuses pour les travailleurs, avec d'énormes risques d'éboulements et de chutes de pierres. Beaucoup connaissent le documentaire ''Les routes de l'impossible'' ... et bien l'envers du décor est encore plus extravagant !
Le soir la purée d'orties avec le dal bhat est excellente !
5 heures de marche










Construction de la piste vers Machhakhola




3) 05 décembre 2018. Khorlabesi > Philim

Aujourd'hui, nous changeons parfois de côté de la rivière via les ponts susepndus. Le chemin est identique à la journée précédente. Nous déjeunons à Yara après 3h30 de marche, avant d'emprunter la passerelle accrochée à la falaise.



Comme nous sommes en forme, nous continuons à marcher après le contrôle des permis du village de Jagat. Je préfère prendre un peu d'avance sur l'itinéraire pour davantage prendre le temps sur la partie ''haute'' du trek qui s'annonce.  Il faut parfois attendre son tour avant un pont suspendus... Il y a des embouteillages provoqués par les caravances de mules et des troupeaux de chèvres.
7h30 de marche

4) 06 décembre 2018. Philim > Bihi

Nous continuons à surplomber les gorges étroites de la rivière Buddhi Gandaki. Il n'y a pas beaucoup de soleil dans ces passages et il ne fait pas chaud à l'ombre des grands arbres. Nous faisons une bonne partie du chemin avec deux femmes qui vont à Namrung avec des gamelles et ustensiles neufs pour fabriquer de l'alcool local (à base de riz, millet ou maïs). Le chemin est rude pour elles, mais elles avancent à un rythme très régulier et avec le sourire. De cette petite production, elles gagnent environ 75 euros par mois.
Nous commençons à sentir une ambiance un peu plus tibéaine dans les villages traversés. Nous nous écartons un peu du chemin classique pour loger à Bihi, en prévision d'une escapade sur les hauteurs le lendemain... escapade que nous ne ferons pas car trop compliquée de se repérer et la réalité du terrain est tout autre que ce que ne laissait supposer la carte. Mais cela nous aura permis de passer par ce joli premier village traditionnel, avec des gens très sympas.
6h45 de marche






5) 07 décembre 2018. Bihi > Namrung

Journée plus courte. Mélange de sentier à flanc de collines et de forêts. Nous apercevons les premiers animaux sauvages : Faisans, singes Langurs, bharals (moutons bleus).
Un peu de lessive dans l'après midi à Namrung.
4h30 de marche
faisan leucomèle






6) 08 décembre 2018. Namrung > Syala



chorten Namrung



On monte progressivement et il fait un peu plus froid... Tout est gelé le matin et ce n'est pas anodin. Heureusement que la vallée s'élargit et que le chemin est ensoleillé. Depuis Lihi, nous commençons à apercevoir de haus sommets, avec l'Himchuli. A Lho et après une longue attente pour le déjeuner, nous montons au grand monastère où vit encore environ 80 moines. Il est vraiment idéalement positionné avec une vue impressionnante au pied du Manaslu.


A Syala la vue est superbe. Des montagnes à 360°
5h de marche







monastère Lho




A Syala, nous logerons dans un petit lodge avec un bel échange. La maman et sa petite fille ultra malicieuse et joueuse. Pour ce genre de rencontre, j'ai justement gardé quelques clémentines sucrées dans mon sac. Elle y aura droit et quand je lui ai montré, je n'ai jamais vu des yeux et une bouche s'ouvrir aussi grand ! Un vrai bonheur. Un échange, j'ai eu droit à un excellent dal bhat avec de la viande de yak (et que des bons morceaux, sans gras, ni os ! )


Fabrication alcool

Cuisine du lodge. Le yak sèche au dessus du poële




7) 09 décembre 2018. Syala > Samagaon ... Journée de rêve et exceptionnelle à tout niveau !

Que de belles surprises à venir et quelle chance pour cette belle journée sous un gros soleil et sans nuages. Nous mettons 2h30 pour montée progressivement à Pungen, en longeant le glacier du même nom. Le plateau herbeux est assez large et le monastère (vide à cette époque) se situe en fin de vallée au pied de l'imposant Manaslu. Quelques empreintes de léopards dans la neige  nous indiquent cependant que nous ne sommes pas totalement seuls dans les parages. Nous prenons beaucoup de temps ici avec Shyam, simplement à contempler les environs, à profiter du soleil et à prendre des photos. Nous apprécions un vrai moment de calme et de beauté.

Pungen Gompa Tour Manaslu


Pungen Gompa


Puis nous redescendons vers Samagaon où la deuxième cerise du gâteau nous attend avec le début d'un festival bouddhiste qui dure 1 petite semaine. Tout le village est rassemblé à l'ancien monastère pour le début des festivités et les danses (cham) des moines. C'est un grand spectacle pour mes yeux : Autant la danse des moines que tous ces gens rassemblés et aux visages tellements marqués. ''Marqués'' par leur origine tibétaine bien sûr, mais surtout marqués par la dureté de la vie dans ce village de haute montagne, avec des traits profonds et des pommettes rougies par le froid de l'hiver (et le feu du soir). Tout le monde est heureux et ça déborde de sourire et de rire, autant chez les enfants que chez les personnes âgées. Ce sont vraiment de belles émotions que de se retrouver au milieu de cette ambiance. Quel trekking !
4h30 de marche.
Chorten de Samagaon




Festival et danse - cham - monastère Samagaun











8) 10 décembre 2018. Samagaon > Camp de base du Manaslu > Samdo.  Longue journée

Aujourd'hui, nous avons décidé de monter au camp de base du Manaslu (à 4800m, c'est le premier camp de base des expéditions d'alpinisime). Je ne suis pas fan de ce genre d'endroit, mais c'est toujours impréssionnant de voir les énormes glaciers de près et cela permet de bien s'acclimater à l'altitude pour les journées à venir.
Lac Birendra vers camp de base du Manaslu
Bharal ou mouton bleu (blue sheep)


Au bout de 4 h de montée assez raide au dessus du lac Birendra et en compagnie des bharals, je décide de m'arrêter car je pense au temps de redescente et au temps pour aller au prochain village. Il reste au moins 30 mn jusqu'au camp de base. Je ne veux pas m'épuiser d'autant que les nuages sont vites apparus et que les vues sur les sommets sont désormais bouchés. Je vois bien que Shyam a des fourmis dans les jambes et lui dis que s'il veut monter, il peut et on se rejoindra en bas. Il ne se fait pas prier. Il a vraiment des capacités physiques assez impressionnantes étant donné ses 45 Kg !
Je redescends à Samagaon en 2h30 et je dois aller chercher la didi qui participe à la fête en bas du village pour qu'elle nous prépare un truc à manger avant de repartir. Le temps de traverser le village, de regarder la fête 15mn et de revenir et Shyam m'attendait au lodge ! ! Et pourtant vu les photos qu'il a prise, il ne s'est pas contenté du camp de base, mais il a été encore un peu plus haut !

Glacier du Manaslu
Après le déjeuner, nous montons doucement à Samdo. C'est assez plat, sauf la dernière 1/2 heure qui est raide. Nous sommes fatigués dans la dernière montée (même Shyam éh éh), mais quand je croise 2 hommes, également fatigués, qui portent 70 Kg de bois sur le dos, je me dis que ma fatigue, je l'ai voulu et bien cherché, tandis que ces 2 hommes, s'il pouvait l'éviter, ils ne se feraient certainement pas prier. Du coup la fin me paraît moins pénible !
9h30 de marche


9) 11 décembre 2018. Samdo > Dharamsala 

Samdo

La marche est courte. Cela permet de récupérer de la veille et de se reposer pour le lendemain. Le temps commence à changer. Il fait beau le matin, mais les nuages couvrent le ciel à partir de midi. Le temps est à la neige. Nous montons donc très doucement et la pente est progressive, profitant encore du soleil. Les arbres et la végétation disparaissent peu à peu. Nous nous amusons à essayer d'approcher au plus près des bharals qui sont assez nombreux dans ce coin.


A l'arrivée à Dharamsala, nous sommes soulagés de voir qu'il y a un lodge d'ouvert... Nous n'en étions pas sûr et perso, c'était une grosse inquiétude. Ouf, le cuistôt est resté. Il y a un nouveau lodge en préfabriqué qui est pas trop mal isolé, en tout cas, mieux que les lodges en pierre. Tant mieux, car la neige commence à tomber vers 15h00. Je reste à bouquiner dans mon sac de couchage et avec ma doudoune tout l'après midi.
Par contre le cuistôt n'a pas du recevoir de consigne pour les WC... c'est assez inommable !
Jusqu'à présent je n'ai croisé que très peu de touristes (7 depuis le départ), mais en fin d'après midi 3 australiens arrivent. Dans des conditions neigeuse, ce n'est pas plus mal si on passe le col à plusieurs. Cela rassure tout le monde.



10) 12 décembre 2018. Dharamsala > Larkya La (5160m) > Yak Kharka  ou le jour le plus long (version trekking) 

Départ à 06h00. La neige s'est arrêtée de tomber la veille dans la soirée et le temps est clair. Il y a 15-20 cm. Cela rend la montée un peu plus difficile pour les appuis, mais cela facilitera et permettra d'amortir la longue descente. La montée est progressive et longue. J'ai du mal a trouver mon souffle. Je réalise que l'expérience des treks ne permet pas de compenser le cap passé des 40 ans et les quelques footings réalisés avant le départ. Pour les prochains treks au dessus de 4500m, il faudra désormais soit s'entrainer davantage, soit accepter de souffrir un peu plus et de prendre son temps.
Il nous faut donc 5 heures avant d'atteindre le col Larkye qui est un peu bouché à notre arrivée.

Passage du col Larkya La. Trek tour du Manaslu


Passage du col Larkya La. Trek tour du Manaslu


"
Puis longue descente. La neige recouvre la glace et c'est tant mieux. Il nous faut 3h30 jusqu'à Bhimtang, le premier village.... où tout est fermé. La neige a fait peur à tout le monde et il n'y a personne dans le village. Nous n'avons donc pas le choix de continuer pour 2h30 supplémentaire jusqu'au prochain village en espérant qu'il y ait quelqu'un. Et oui ! Merci Yak Kharka. La dernière heure aura été longue dans la forêt. La fatigue commençait à gagner ma cheville gauche qui se dérobait parfois, me faisant craindre une énième entorse. Pour l'éviter, je n'ai regardé que mes pieds et le chemin durant cette dernière heure. Nous avons donc retrouvé nos 3 amis australiens qui étaient bien heureux de nous voir aussi puisqu'en chemin, nous avions récupéré un Iphone qui appartenait à l'un d'eux et qu'il pensait définitivement perdu !
La neige se remettait à tomber, laissant penser que le col aurait été très difficilement franchissable le lendemain ou les jours suivants. Bref, nous avons eu vraiment énormément de chance sur toute la durée de ce trek.
11h30 de marche

11) 13 décembre 2018. Yak Kharka > Besi Sahar 

Le matin nous sommes en forme et pas trop usé. Tant mieux. Nous partons donc de bonne heure pour récupérer la partie du Tour des Annapurnas à Dharapani que nous rejoignons en 3h. Nous avons croisé un superbe couple de martre à gorge jaune que nous avons pu observer de près, mais pas le temps de sortir l'appareil.
Mon intention était de trouver une jeep pour redescendre sur Dharapani, mais la piste est en travaux et il n'y a pas de circulation. Nous descendons donc jusqu'à Chamje en 3 heures. Cela fait pas mal de Km, mais ce qui est embêtant est la dureté de la piste qui est désormais cimenté sur de longues parties. Avec la journée d'hier, l'accumulation est difficile et j'ai la plante des pieds qui chauffe. Shyam aussi. Par bonheur on trouve une jeep là avec d'autres népalais. Et après un changement de véhicule à Jagat nous rejoingons Besi Sahar en début de soirée, après environ 3h30 de trajet.
Ensuite c'est retour à la réalité : Poulet, bière, shampoing, wifi  !  !

12) 14 décembre 2018.  Besi Sahar > Kathmandu

Et le lendemain, retour à Kathmandu en bus. 6 heures de trajet.
En chemin, même si j'étais pressé de rentrer à Kathmandu désormais, cela m'a beaucoup fait réfléchir : En 24 heures, il est possible de passer d'un univers de haute montagne sauvage et assez rude à un autre univers très moderne (route, confort, wifi...). C'est à la fois fascinant, mais aussi assez choquant d'un autre point de vue... C'est un vaste sujet qui donne beaucoup à réfléchir et dont les avis sont très divergents ! Fin du (très) beau voyage et de ce trek du tour du Manaslu

https://www.terresdunepal.com/tour-manaslu